Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/147

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bien que voue pourrez m’en dire sera encore au-dessous de celui que j’en pense.

La réponse était si digne et sonnait si sincèrement que Robert en fut décontenancé.

Il jugea que le jeu auquel il s’efforçait était puéril et il s’écria, plein d’indignation :

— Vous plaisantez, je pense ! Ce n’est pas Mlle  Fodeur que j’aime, c’est vous. Que peuvent valoir ses qualités à mes yeux, alors que je ne songe qu’à vous… Ce n’est que vous que je veux pour femme.

Christiane l’interrompit :

— Vos paroles sont déplacées… je vous ai averti que je n’étais plus votre fiancée.

— Quelle cruauté !… cria Robert les poings crispés.

— Quelle insistance !… repartit Christiane.

— Je ne vous reconnais plus…

— Je vous connaissais mal…

Ces ripostes se croisèrent en quelques secondes, puis les deux interlocuteurs se turent.

Robert comprit qu’il ne pouvait prolonger sa visite. Les mêmes mots se répétaient sans solution favorable.

Mlle  Gendel prenait à ses yeux une nouvelle figure : celle d’une énigme impénétrable, dont la froide volonté l’épouvantait. Il lui semblait que les beaux traits durcissaient comme du marbre, et sa raison s’égarait devant cette métamorphose.

Silencieux, il sortit après un salut bref.

Christiane savait, cette fois, que ce