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celle d’être complètement à côté de la vie.

Le désarroi de son être l’accablait. La jalousie la mordait et elle en était atterrée, ne s’y attendant pas.


VII


Ce jour-là, elle s’acheminait vers le Salon, essayant d’éloigner d’elle tous les fantômes qui la harcelaient. Elle marchait lentement. Son costume tailleur noir lui donnait un aspect plus mince. Son voile de crêpe ondulait sur son épaule à chacun de ses pas.

Ses cheveux paraissaient plus dorés sous le chapeau sombre, et ses beaux yeux attristés ressortaient dans son teint nacré.

Son allure était si distinguée et si mélancolique qu’involontairement on s’écartait avec respect, la prenant pour une veuve prématurée.

Christiane ne remarquait pas l'attention des passants, ses réflexions l’absorbant trop. Elle savourait cependant la douceur du jour, la clarté de l’atmosphère.

Elle pénétra dans une des galeries. Elle était presque déserte. Des gardiens somnolaient. Quelques admirateurs semblaient figés devant leur toile de prédilection.

Elle erra dans les salles, s’abreuvant de couleur, cherchant de préférence les lignes harmonieuses. La simplicité l’émouvait. C’est d’ailleurs une beauté qui retient.

Un peu lasse, elle s’assit. Les yeux fermés, la tête appuyée contre le dossier du siège, elle se plongea dans