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Il y eut un silence entre eux. Christiane aurait voulu partir, mais ses jambes tremblantes ne le lui permettaient pas.

Robert Bartale reprit presque avec éclat :

— Eh ! bien, puisque vous m’y engagez, je vais, sans tarder, ce soir même, demander Mlle Fodeur en mariage. Elle a du cœur, elle m’aime prétendez-vous… Je ne l’aime pas, mais j’essaierai de lui faciliter la vie.

En disant ces mots, il regardait Christiane pour déchiffrer les impressions que cette brutale décision provoquait en elle.

Le beau visage semblait de pierre. Sa pâleur était peut-être plus intense, mais le voile de crêpe que Christiane ramenait, légèrement devant elle la masquait un peu.

Il escomptait une protestation, un geste, mais rien ne sortit des lèvres serrées, pas plus qu’un mouvement ne dérangea l’immobilité des membres.

— Vous avez bien compris, Christiane ? tout sera irrémédiable entre nous ? Je ne sais ce que l’avenir nous réserve, mais si, par hasard, je me trouvais malheureux quelque jour, estimez-vous responsable.

Pour que cette menace la laissât calme, il fallut qu’elle évoquât dans son esprit la joie ardente de Bertranne.

Elle répondit sereinement, pleine d’assurance :