parler ainsi, alors que vous savez que tout doit être clair entre nous…
— Ah ! laissez-moi ce court moment de joie inattendue… nous ne l’avons pas cherché… et Dieu nous l’envoie.
— Non… non… cria Christiane, ne profanez pas la Providence. Il est impossible qu’Elle m’envoie encore cette épreuve ! Bertranne est votre femme et je ne veux pas entendre une parole douteuse venant de vous !
— J’ai épousé Bertranne pour vous défier ! rugit Robert, vous le savez ! Elle est charmante, mais elle n’est pas la femme que j’aime…
— Taisez-vous !
— Je fais ce que je peux pour qu’elle ne s’en aperçoive pas, mais je la devine déçue… Elle croyait que l’amour était autre chose, et c’est autre chose, en effet ! Je le sens depuis que je vous ai retrouvée. Maintenant, mon existence va devenir un enfer.
Christiane tressaillit violemment. Avoir donné son fiancé à Bertranne pour provoquer une semblable scène lui paraissait une monstruosité !
Elle balbutia :
— Votre existence sera ce que vous voudrez la faire. Bertranne saura vous rendre heureux… Maintenant, je suis forcée de me sauver, l’heure de mon train approche.
— Ah ! oui, vous fuyez encore une fois ! s’écria Robert amèrement.