Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/213

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radieux… Ma fille est morne. Christiane, vous souffrez, mais attendez… vous serez payée de vos douleurs… Attendez, je vous en conjure !

La jeune fille écoutait, anéantie par la stupeur, ces paroles étranges.

Mme  Fodeur, certainement, sous l’influence de son inquiétude maternelle, semblait posséder un don de divination. Son cerveau suggestionné rapprochait des indices pour en construire un fait. Elle craignait un entraînement de Robert.

Elle était observatrice et son angoisse l’aidait.

Mlle  Gendel la contemplait effrayée.

Elle tenta de lui dire :

— Soyez calme, chère Madame… Bertranne est heureuse…

— Elle vous le dit !

La veuve fermait à demi ses yeux. Ses bras se tendaient en une supplication et son visage, blêmi par le tourment, rendu diaphane par le jeûne qu’elle s’imposait, apparaissait lumineux dans le voile de deuil qui l’encadrait.

Christiane sentit l’épouvante l’effleurer. Elle s’écria d’une voix tremblante :

— Vous savez combien j’aime Bertranne, et je ferai tout pour que son bonheur continue.

Mme  Fodeur marcha de long en large.

Christiane murmura :

— Dois-je quitter Paris ?

Sa visiteuse, sans lui répondre, tomba sur un siège et, le front dans ses mains, elle resta immobile.