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En approfondissant bien, celles-ci sont égales à celles-là, mais il est si naturel d’être heureux qu’il semble que cela-devrait être un état normal.

Pour un esprit juste et philosophe, les joies sont même plus nombreuses que les malheurs, mais elles sont plus ténues et on les apprécie mal.

Une belle promenade dans la campagne, le joyeux sourire d’un ami, un déjeuner réussi, une satisfaction d’amour-propre, un compliment inattendu, une invitation, comptent pour des instants enviables, si on sait les estimer.

Mais une joie s’ignore, tandis qu’un malheur frappe. Parfois ces petits bonheurs se groupent autour d’un grand, mais les hommes sont vains, et n’en jouissent pas pleinement, car ils croient toujours les avoir mérités. Ainsi, ils perdent de leur valeur à leurs yeux, tandis que l’adversité leur paraît toujours inique.

Christiane retenait les paroles de Bertranne. Elle y trouvait une douceur vivifiante et elle savait qu’elle pourrait aimer Robert sans arrière-pensée.

Des mois passèrent sans qu’elle le revît.

Elle sut qu’il voyageait, par Mme  Fodeur, qu’elle recevait fréquemment.