Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Laissez-moi espérer que vous reviendrez sur votre décision.

La jeune fille secoua la tête, voulant dire : non…

Elle sentait qu’elle ne pourrait prononcer une parole de plus. Son esprit, comprimé par sa souffrance, ne possédait plus d’élasticité.

Une angoisse passa sur ses traits.

Robert ne savait que déduire de ce silence et de ce visage bouleversé.

Celle qu’il aimait lui apparaissait subitement mystérieuse et, vaguement, il entrevit un secret plus puissant que sa tendresse. Ce fut un éclair. Son amour voulut, être vainqueur et lui donna le courage de combattre.

L’instinct doubla la volonté Il voyait la jeune fille lui échapper et il redoutait la défaite.

Il poursuivit plus âpre :

— Vous avez une raison pour me repousser… Serais-je assez malheureux pour vous être antipathique ?

Elle leva de nouveau sur lui ses beaux yeux en signe de protestation, et il put y lire qu’elle l’aimait.

Quand cet aveu muet fut jailli de son âme, Christiane se réfugia près de Mme  Lavique et peu d’instants après, elle s’en alla.

Robert Bartale resta ébloui et perplexe. Il se demandait à quelle sorte d’énigme il se heurtait. Indécis, torturé, il prit congé à son tour.

M.  Lavique se retint pour ne pas se renseigner sur l’issue de l’en-