Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/84

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— Dépensons notre tribut ici… Robert, pardonnez-moi mon indiscrétion… Vous me semblez préoccupé et je n’ai pas l’habitude de vous voir ainsi. Il est écrit qu’aujourd’hui tout sera bouleversé dans le cours normal des choses.

Robert Bartale ne parut pas entendre les paroles de son vieil ami. Il suivait sa propre pensée et son urbanité habituelle se trouvait en défaut.

— Cher monsieur Lavique, prononça-t-il après un silence, savez-vous pourquoi Mlle Gendel ne veut pas se marier et savez-vous aussi pourquoi elle me repousse avec autant d’obstination ?

Le vieillard s’épongea le front.

Bartale reprit :

— Tout à l’heure encore, quand elle m’a appris la perte de sa fortune.

— Quoi… Christiane est ruinée ?

— Elle vient de me l’affirmer…

— Vous me confondez.

M. Lavique semblait stupéfait ; mais cela ne frappa nullement Robert. Il continua :

— Je lui ai affirmé que ce changement de situation n’influençait en rien mes sentiments et que je l’aimais pour elle-même.

M. Lavique fut soudain illuminé.

— Mon cher ami, vous êtes un être parfait, mais maintenant je devine la conduite de Christiane. Je ne sais ce que vaut l’histoire de cette perte de fortune, mais je suis persuadé que notre nouvelle pauvresse flirte avec autant d’ardeur en ce moment, simplement pour que vous la preniez