Page:Fiel - Le fils du banquier, 1931.djvu/109

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— Il m’a fait du bien, répéta Plit comme s’il se forçait à avouer une chose qui coûtait à son orgueil… J’étais presque grossier avant son arrivée à l’atelier, mais il avait de si bonnes manières qui plaisaient tant, il était si conciliant, si déférent pour nos idées, qu’il m’a donné là un grand exemple… Jamais ce garçon-là ne se plaignait de son sort, et il avait le droit de le trouver terrible..

Bodrot posa sa main sur celle de son futur gendre et dit :

— Tu es juste, Germain… Ce que tu viens de dire là, peu d’hommes l’auraient avoué… Tu as su reconnaître les mérites d’un beau caractère et tu as essayé de lui ressembler… J’ai remarqué avec plaisir que tu te rapprochais des Manaut, et j’ose te le certifier ce soir, cette fréquentation t’a changé à ton avantage… Je sais que tu prendras bien mes paroles parce qu’elles sont un compliment pour toi…

— Merci, patron… Je dois ajouter aussi que votre intérieur a contribué aussi à ma transformation, mais, pour en revenir à Manaut, je l’ai amené un jour chez nous… Et, pour la première fois de sa vie, ma pauvre maman a été entourée d’attentions, comme vous l’êtes par vos filles… Elle a trouvé cela bien extraordinaire, et nous, les garçons, nous avons pensé que c’était bien beau, pour un ancien riche, de traiter notre mère comme si elle avait été une grande dame de son monde…

— C’est vrai, il gardait de la politesse pour chacun, dit Bodrot…

— Mais maintenant, reprit Germain, il faudra voir ce qu’il deviendra dans l’avenir avec une nouvelle fortune…

Et Mathilde, qui connaissait Gérard par le P. Archime, prononça gravement :

— Il restera ce qu’il a été parmi nous… Seulement, il connaîtra mieux les ouvriers et je suis sûr que cela l’aidera bien dans la situation qu’il aura…