Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/139

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Je fus un moment à me remettre de cette rencontre, et ce fut la question que me posa Berthe qui me réveilla de mes réflexions plus ou moins pénibles.

— Vous paraissez contrariée d’avoir causé avec ce jeune homme ?

— Oh ! détrompez-vous, il m’est fort sympathique. Nous avons renouvelé connaissance ces jours derniers.

— Suis-je indiscrète en vous disant que ce monsieur vous contemplait avec extase ?

— Vous croyez ? Cela ne veut rien dire. C’est toujours une contenance que prennent les jeunes gens, répondis-je avec une indifférence qui me prouvait mon hypocrisie.

— Je suis très sûre que c’était autre chose qu’une simple contenance, repartit gaie Berthe.

— Il est vrai que vous avez l’expérience ces états du cœur, répliquai-je en riant.

J’étais furieuse en pensant que je scandaliserais ma famille, tous nos amis, en repoussant une alliance avec les Darèle. Au lieu de fusionner avec Berthe et Léo, j’allais prendre un chemin ridicule, effroyable, où je sentais déjà les épines et les pierres.

— Quelle curieuse coïncidence, reprit Berthe, que mon père et M. Darèle aient été bons amis ! Me voici nantie de cousins inattendus.

— Votre notaire vous a entourée d’énigmes.