— Ma petite fille, j’aimerais bien que cette plaisanterie cessât. Tu me fais un peu peur.
— Pauvre petite maman ! Je réponds bien mal à la peine que tu as prise pour m’élever ! Je relève sans doute d’une hérédité que tu ignores. J’ai le don de vulgarité.
— Oh !
— Il faut parler franc…
— Toi qui avais tant de répulsion pour les choses communes, comment as-tu pu te transformer à ce point ? Je ne te reconnais plus.
— La vie, maman, la vie. Quand on avance en âge, on s’observe, et puis, un jour, on se voit telle que l’on est, et je suis vraiment trop franche pour te dissimuler ma pensée.
Je me tus, effarée devant mes horribles mensonges. Maman m’examinait avec des yeux angoissés, et, le deuil dans le cœur, je me disais que j’avais bien travaillé pour préparer ma pauvre maman à ce qui se passerait.