Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/151

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— Tiens ! je croyais que tu aimais ce genre-là !

Je me mordis les lèvres. J’avais trop parlé et je démolissais tout ce que j’assurais la veille. Pourtant, je répondis avec tranquillité :

— Il y a vulgarité et vulgarité. Celle qui est « bon enfant » est un attrait, mais celle des commis qui se croient du faux monde m’exaspère.

Je m’embrouillais dans des explications vaines, quand mes frères rentrèrent Nous attendîmes papa pour le dîner.

Ce fut un père tout à fait transformé qui nous arriva. La tête droite, l’épaule haute, un front gai et un sourire épanoui, non plus cet affreux sourire qui se contraint, mais cet envol vrai de la joie intérieure.

— Oh ! papa, m’écriai-je, que t’est-il survenu d’heureux ?

— Ainsi, tu devines donc tout de suite que je suis libéré de soucis ?

— Oh ! oui…

Aussi étrange que cela pût paraître, je ne devinai pas la cause de ce revirement. Mon esprit était tout à coup fermé sur la catastrophe Galiret, et j’attendais, innocente, obtuse, la révélation d’un fait réjouissant.

Et mon père parla :

— J’ai eu une visite inattendue : celle de M. Galiret.

Mon cœur se glaça à l’instant même. La joie de papa devenait ma douleur.