Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beaucoup à lui. Rien ne remplacera ces solides amitiés d’enfance.

Elle me jeta un coup d’œil expressif qua je reçus avec un calme olympien que je ne ressentais guère. Enfin, elle prit congé de nous avec de si charmantes protestations que j’en fus atterrée.

Dès que je fus seule avec maman, la joie et la fierté maternelles fusèrent.

— Je ne m’attendais pas à cette visite, mais Mme Darèle a pris prétexte des fiançailles de Léo pour venir me voir. De plus, elle était fort intriguée par l’identité de Berthe, qui joue le rôle d’une vedette. Cependant, ma chérie, tout cela n’était pas la seule intention de cette excellente amie. Elle est venue surtout pour me parler de Robert. Je suis persuadée qu’elle tâtait le terrain pour savoir si tu l’accepterais. Ce serait un parti idéal. Te plaît-il ?

Quel calvaire ! Il me plaisait infiniment, et j’étais forcée d’affirmer le contraire. Maman éprouvait une satisfaction triomphante, et je me voyais obligée de jeter le trouble dans cet enthousiasme.

N’étais-je pas la plus malheureuse des jeunes filles ?

Cette visite fut extrêmement appréciée, commentée le soir, après dîner. Toute la famille, sauf moi, était si joyeuse que jamais je n’aurais pu dire un mot me concernant. C’eût été jeter le désarroi dans les cœurs. La joie seule régnait. Je compris à ce moment que je devais, avant tout, signifier à Robert mon refus de l’épouser. Belle corvée !

Vincent s’écria :