Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/175

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prouvé son désintéressement, et aujourd’hui il s’en trouvait récompensé.

Nous fûmes reçus avec une cordialité toute familiale. Maman eut un bon sourire quand Robert lui baisa la main, mais moi j’osai à peine le regarder. Mon rôle semblait de plus en plus difficile. Ne pas être aimable eût été mal élevé, l’être était dangereux, de sorte que j’aurais voulu cent fois me terrer dans un trou de rat.

Robert vint à moi, de son pas balancé, et m’exprima tout son plaisir de nous voir tous réunis. Ses yeux égalaient ses paroles en éloquence. Ils étaient doux, rayonnants, alors que dans ma gorge des sanglots roulaient en pensant que le lendemain je me lancerais dans un gouffre.

Léo survint avec Berthe. Ah ! qu’elle était jolie ! Chacun subit sans doute son charme, car il y eut un silence pour souligner cette admiration. Elle était vêtue de vert jade, et ses cheveux blonds ressortaient délicieusement.

Son teint clair, velouté, ses yeux bruns, avec leur expression rêveuse, retenaient l’attention. Elle paraissait toute confuse, malgré son aisance, devant l’accueil de la famille Darèle.

Embrassée, complimentée par la maîtresse de maison, elle entendit M. Darèle lui dire :

— Ma chère enfant, je suis doublement heureux de vous voir parmi nous, parce que vous êtes la fille de mon regretté cousin et ami Dareuil, et ensuite comme étant la fiancée de Léo.