— Vous n’appréciez pas beaucoup les travaux intellectuels, je crois ?
— Non… J’aime les choses qui tiennent de la place… Quand on pose des pierres les unes sur les autres, on s’aperçoit du travail que l’on fait…
— Vous n’ignorez pourtant pas que ces pierres doivent s’ajuster dans un certain ordre, afin que leur édifice soit solide ?
— Sûr, que je le sais ! Mais quand on a vu faire, on imite !
— Il a fallu un travail initia ! qui empêche les pertes de temps et permette aux ouvrier d’œuvrer à coup certain, sans aléa. C’est à cela que les ingénieurs s’adonnent, afin de faciliter les travaux aux entrepreneurs.
— Je ne vous contredirai pas ! Il faut bien que les ingénieurs servent à quelque chose.
Ce fut ponctué d’un rire.
Mon père se tut en voyant la mauvaise grâce de son interlocuteur. Maman, dans son fauteuil, commençait à prendre une figure hostile. Quant à moi, je m’acharnais à devenir aussi insensible qu’un morceau de fer. J’étais résignée à tout.
Je souriais, je regardais Jean Gouve avec une certaine coquetterie, voulant donner le change à mes parents. Il se leurrait sur ma façon d’être et se disait sans doute que l’amour s’infiltrait en moi.