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Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/241

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Ma gorge était serrée, mais je pus prononcer :

— C’est très naturel…

Je tremblai. Je craignais un éclat, une défense d’épouser Jean Gouve, et avec cette défense, de voir mon cher papa tourmenté dans son labeur, dans sa confiance en soi. Je savais maintenant, aussi jeune que je fusse, qu’un ennemi possède toutes les ruses et toutes les audaces. J’avais l’épouvante d’entendre papa me dire : « Alors, tu pactises avec ceux qui me veulent du mal ? »

Cette question me brûla tout à coup. Je ne vis plus de lumière dans mon chemin.

Mon Dieu, ne m’abandonnez pas !

Je tremblais, bien que j’eusse obtenu de mon fiancé qu’il ne prononçât pas encore le nom de son oncle. Je voulais qu’on s’habituât d’abord à lui et que le mariage ne pût être rompu.

— Tu n’as pas pensé, toi, à te renseigner ? poursuivit maman.

— J’avoue que non. Ce jeune homme est franc, et je crois qu’il ne fréquente personne. Il est tellement occupé par ses travaux.

— Je suppose que ton père parviendra tout de même à savoir quelque chose sur son compte.

— Pourvu qu’il soit honnête, cela me suffit pour établir un bonheur, répondis-je d’une voix défaillante.

Quelles complications surviendraient encore ?