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Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/252

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sentiment que ce nom sortirait de la bouche de mon frère.

Après un silence plein d’effroi, des cris de stupeur s’entendirent.

Léo m’observait. Il épiait sur mon visage toutes mes impressions. Il remarqua sans doute que cette nouvelle me libérait d’un poids et que mes traits s’illuminaient lentement. Maman aussi me regardait et me surprit, souriante.

— Ah ! ma pauvre Monique, combien cet incident est ennuyeux pour foi !

— Cela ne me touche pas du tout ! Au contraire. cela me fait le plus grand bien.

J’avais jugé tout de suite qu’après ce petit scandale Jean Gouve n’était plus épousable.

— Eh bien ! ma fille, s’exclama Vincent, tu as une façon de l’aimer, ton fiancé !

Papa, me voyant toute gaie, m’interrogea :

— Vraiment, tu n’es pas alarmée ? C’est un homme sans cœur, sans usages. Il va venir tout à l’heure, et je t’avoue que j’aurai du mal à le bien recevoir !

— Cela n’a aucune importance, répétai-je.

Un espoir, un pressentiment m’animaient. Je sentais confusément que tout danger s’écartait. Un orage avait passé et le ciel redevenait bleu.

— Tu es extraordinaire, Monique ! Tu n’aimes donc pas du tout ce monsieur ?

— Non, maman.

Il y eut un moment d’effarement, excepté pour Léo. qui devinait en partie la vérité. Je repris :

— Vous allez entendre ma confession…

Je racontai de mon mieux mon roman si