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Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/61

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— Elle le sera, assura vivement Léo.

Maman reprit tout de suite après ces paroles :

— J’aurais voulu que tes fiançailles eussent lieu autrement. Une jeune fille de nos relations que tu aurais remarquée et que nous aurions appréciée à travers ses parents… Puis, tous, enchantés de voir une sympathie naître, nous aurions applaudi à votre accord…

Je frémis. Que dirait ma mère, quand, un de ces soirs je déclarerais : « Moi aussi je suis fiancée avec… »

Ma phrase s’arrêta là. Je ne savais pas encore comment s’appelait mon futur mari ! Chaque fois que je voulais prononcer ce nom, exécré avant d’être connu, j’étais prise par mon ignorance.

J’entendis Léo qui demandait :

— Vous me permettez de vous présenter Mlle Durand ?

Il y eut un petit silence. Nous pénétrions dans la réalité et, avant de nous y enfoncer, nous éprouvions le besoin d’un recueillement.

Puis maman murmura, d’une voix tremblante :

— Mais oui, mon fils, il sera réservé le meilleur accueil à celle que tu as élue…

— Merci, maman…

— J’aurai une demande officielle à formuler ? s’enquit papa.

— Je ne sais si ce protocole sera obligatoire, je présume qu’une conversation entre M. Durand et toi serait correcte pour montrer que vous ratifiez mon choix.

— Je m’y conformerai dès que tu le jugeras nécessaire.