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Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/78

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voudra-t-elle encore d’une jeune fille dont le frère sera le mari de Mlle Durand ?

Ma compagne eut un rire joyeux :

— Berthe Durand est très appréciée, et Robert ne s’arrêtera pas à des considérations aussi mesquines.

Je me demandai, après coup, pourquoi je formulais cette question, puisque je ne devais pas épouser Robert.

Notre promenade se termina, mais je n’en revins pas moins agitée.

Maman me dit en m’examinant :

— Depuis trois jours, je te trouve extraordinaire. Un dirait que tu ne penses pas à ce que tu dis, et, de plus, tu as un besoin de te dépenser qui est extrêmement fatigant. On n’entend que toi dans la maison. Tu es partout à la fois, avec des cris, des portes qui claquent, des sièges que tu remues…

— Comment veux-tu que je ne sois pas nerveuse ? m’écriai-je. Léo nous annonce un mariage idiot.

— Eh bien ! Il faut te calmer, mon enfant. Essaye de prendre cet événement avec modération.

Ah ! que ma chère maman avait facile d’ordonner !

Une fureur intérieure guidait tous mes gestes et je ne savais comment je résistais. Pourtant, je tentai de me montrer plus silencieuse et de fixer un sourire sur mes lèvres.

Mes efforts furent méritoires parce que tout me pesait. Les repas me paraissaient des supplices quand je pensais qu’un jour j’aurais la