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prudence rocaleux

Il ne faut pas pleurer les morts, ça leur fait peine…

Cette fois, Prudence fut bien convaincue que c’était Justine qui parlait parce qu’elle n’avait aucune raison pour avoir une larme au sujet de M. Rembrecomme qu’elle connaissait à peine.

Elle chercha donc un signe distinctif qui la différenciât de sa sœur, mais elle ne découvrit encore rien, cette fois-ci.

— C’est vraiment difficile de savoir qui est Julie, dit-elle en riant.

— Nous l’avons fait un peu exprès, dit l’une des deux… mais demain, nous nous habillerons d’une façon différente et vous nous reconnaîtrez…

— J’en serai soulagée, riposta Prudence en remuant son thé.

La visite du jardin potager, à peu près vide, étant donnée la saison, excita la convoitise de la voyageuse. L’amour de la campagne lui revint, quand soudain elle s’exclama :

— Ah ! je ne vous ai pas encore annoncé une grande nouvelle ! Not’ Monsieur Jacques est fiancé avec la cousine de vot’ jeune Monsieur !

— Quoi, Mam’zelle Janine ?

— Oui…

— En v’là une nouvelle !

Pendant un moment la supposée Julie resta silencieuse, occupée à redresser la branche d’un espalier… Elle murmura :

— Cette petite-là avait à cœur de retrouver celui qui a tué son oncle et, maintenant qu’elle est fiancée au fils d’un juge, elle va peut-être s’en mêler davantage, elle n’a plus de père, mais un autre oncle.

— Oh ! c’est une affaire classée, assure Monsieur…

Prudence, en disant ces mots, releva le