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prudence rocaleux

Prudence s’installa et, quand elle eut fini, elle annonça :

— J’ vas porter ma lettre en même temps que j’irai à l’église, puis je ferai un tour, si vous n’avez pas besoin de moi…

— Oh ! non, riposta Julie… promenez-vous… reposez-vous… Ça vous fera du bien…

Prudence s’en alla. Dehors, elle respira avec délices l’air. Quand elle rentra, elle fit le récit de sa promenade, vanta la vue de la plaine et les monts du Beaujolais.

— Et maintenant, j’ai une faim que la bonne odeur de vot’ fricot augmente encore.

— Vous êtes agréable à nourrir, convint Justine. Vous aimez tout et vous faites honneur aux repas… Je n’ peux pas souffrir les gens qui chipotent.

— Quand on a un bon estomac, tout fait plaisir, dit Julie sentencieusement.

— Vous parlez tout à fait sage…

Ce jour-là, Prudence le trouva un peu long. La campagne ne lui déplaisait pas, mais elle était tellement hors de ses habitudes qu’une torpeur la désemparait. Si elle avait pu frotter, torchonner, le temps aurait passé plus vite, mais quoi nettoyer dans une maison neuve ? Tout était astiqué et brillant comme une boîte à bijoux.

Le lendemain, il y eut une diversion. À 10 heures du matin, elle reçut un télégramme au moment précis où les deux sœurs lui assuraient qu’un séjour d’une semaine n’était pas suffisant.

— La v’là la réponse à vot’ invite ! cria-t-elle… La dépêche dit : « Rentrez d’urgence !… »

Elle continua pleine d’agitation :

— Ah ! ben… Ah ! ben… v’là les patrons ! « Reposez-vous, ma fille » et quand on reste