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prudence rocaleux

je lirai un « policier » pour que je me rappelle la méthode… Au travail, ma fille, on n’a rien sans rien.

Le déjeuner fut cependant réussi, et Prudence le servit, toute souriante, avec beaucoup de calme.

L’après-midi, elle prétexta différentes courses pour avoir plus de liberté.

Dans les rues avoisinant celle où habitait le malheureux M. Rembrecomme, elle regarda les maisons, examina la chaussée et ramassa un bouton de culotte. Devant l’immeuble où la victime avait trouvé la mort, elle s’arrêta, en même temps que quelques passants curieux, qui peut-être cherchaient eux aussi un indice qui leur permit de gagner 100 000 fr.

Prudence pinçait les lèvres et prenait, sans s’en douter, un air absorbé. Dans son esprit s’élevait du dépit d’avoir des imitateurs. De bonne foi, elle se figurait qu’elle seule aurait l’idée de s’occuper de cet assassinat.

Les difficultés lui apparurent plus grandes, mais sa résolution ne faiblit pas.

Elle s’aventura sous la voûte de l’immeuble et demanda au concierge si elle pouvait monter à l’appartement de M. Rembrecomme.

— Pourquoi faire ?

À cette question précise, elle eut une inspiration et répliqua non sans adresse :

— J’ai besoin de lui parler de la part de mon patron.

— Qui est votre patron ?

Et, sans hésitation, elle répondit :

M. le juge Dilaret.

Le nom du magistrat étant fort connu, le concierge devint doux comme un mouton, de rébarbatif qu’il était, et répondit :

— Du moment que c’est de la police, vous pouvez monter… C’est au premier.