Quand Fritz aperçut son père et son frère, il s’empressa gaîment au-devant d’eux.
Louise, gardant son pas de promenade, le suivit. Elle regardait venir Herbert et l’admira. Les dix années écoulées n’avaient pas courbé le front autoritaire ; si les tempes blanchissaient, les yeux ne perdaient rien de leur vivacité. Les moustaches se relevaient toujours fièrement ; la poitrine se bombait et les jarrets tendus conservaient encore la raideur du pas militaire.
Ils se rejoignirent et Herbert l’interrogea sur sa visite. Louise, brièvement, le satisfit et se tournant affectueusement vers Wilhelm, qui se pendait à son bras, elle lui demanda :
— Et toi, mon grand, t’es-tu bien amusé ?
— Oh ! oui, maman, mais j’aurais bien voulu être avec toi, si papa l’avait permis. J’ai visité toute l’usine avec le contremaître… Il m’a dit que son petit garçon était de mon âge… Papa va l’autoriser à l’amener à Greifenstein un jour de vacances… tu veux bien ?…
— Mais oui…
— Nous jouerons à la guerre… Avec Fritz cela ne va pas bien… Il veut que chacun gagne