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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/123

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SUR LE SOL D’ALSACE

Sa honte croissait, son remords l’épouvantait. Elle aurait voulu crier :

— Les Alsaciens ne pensent qu’à leur revanche, c’est pourquoi leurs lèvres se taisent !… Leurs regards et leur cœur sont tournés vers la France de laquelle ils attendent le signe qui les redressera. Que pourraient-ils faire ?… Abandonner leur territoire auxquels ils tiennent par toutes les fibres de leur âme ? Non… ils ne veulent pas le quitter parce que ce serait trahir leur terre que de la laisser entière au joug allemand. C’est pourquoi ceux qui le peuvent reviennent y mourir… Les traditions s’y enterrent, les germes de leur espoir s’y multiplient et un jour viendra où les rameaux forts, invincibles, étoufferont toute la germanisation ! Voilà pourquoi les Alsaciens souffrent sans se plaindre, et pourquoi, enracinés à leur sol, ils se laissent abreuver par les mortifications et les pressions arbitraires !

Comme un tourbillon, ces pensées heurtaient le cerveau de Louise et l’enfiévraient. Les dix-neuf ans de cohabitation avec Herbert avaient poussé son patriotisme à l’exacerbation. Il se