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SUR LE SOL D’ALSACE

fils, l’enfant qu’elle chérit, dont les mouvements affectueux font pardonner l’intransigeance des principes. Elle rend justice à la délicatesse qu’il prouve en son effort de ne pas dire du mal de la France, à ne pas critiquer ses institutions. Elle lui sait un gré infini de cette réserve, mais elle ne peut l’empêcher de glorifier son pays. Que dirait-il si ses mains de mère se posaient sur sa bouche pour lui interdire de proférer les paroles admiratrices ?… Elle devine qu’il est malheureux de ne pouvoir l’unir dans le culte qu’il a pour sa patrie.

Et Fritz ?… Elle se demande quelles pensées s’agitent sous ce front délicat qui lui rappelle de plus en plus M. Denner.

Le jeune homme est silencieux et n’a pas d’amis. M. Leiter loue son travail, et Fritz a pris l’habitude de le reconduire presque chaque jour à Saverne. Louise sait qu’il est allé souvent voir M. et Mme Hürting, mais il dit peu de chose des vieux Alsaciens, et depuis la mort de M. Hürting survenue l’année précédente, il est moins communicatif encore.

Son père, en vain, veut l’envoyer vers quel-