pait par lambeaux à chacune de ses plaintes. Des sons rauques entremêlés de paroles sortaient de ses lèvres exsangues :
— Ah ! comme ces Allemands savent s’imposer… par la force… Qu’êtes-vous, ma pauvre Louise, dans le château de vos aïeux ?… Vous ne savez plus si vous avez une patrie… l’Alsace se dérobe parce que vous avez donné votre main au vainqueur… et l’Allemagne vous déteste… Partout ils deviennent les maîtres… on tremble devant eux… on voudrait se révolter… on n’ose pas… et, quand on l’ose… ils vous chassent… comme moi ! Je partirai… je partirai…
— Marianne !… tu me brises le cœur…
— Où vais-je aller, à mon âge ?
— J’ai pensé que Mme Hürting serait heureuse de te conserver près d’elle… Tu serais comme ici…
— Et mon petit Fritz que je ne verrai plus ! et vous !… que ferez-vous toute seule avec vos ennemis ?
— Ne m’attriste pas davantage !… je suis déjà si malheureuse !
— Ma pauvre Louise, je vous ai tenue toute