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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/176

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SUR LE SOL D’ALSACE

Elle eut immédiatement une inquiétude :

— Que fait Marianne ?

— Elle est partie, madame.

— Partie ?… où ?…

— À Saverne… chez Mme Hürting…

Une angoisse vrilla le cœur de Louise. Ses yeux se fixèrent avec effroi sur ceux de Mina. Elle se souleva sur son coude et articula péniblement, voulant douter encore :

— Savez-vous à quelle heure elle doit rentrer ?

— Je crois qu’elle ne rentrera pas, madame…

Louise retomba sur son oreiller, la tête pleine de vertige. Les dessins des tentures qui tapissaient sa chambre, s’abaissaient et remontaient, comme secoués par une houle subite.

Et cependant la nature était si calme et le soleil si doré !… Il entrait à flots par les fenêtres ouvertes ; il était gai, cher à la joie, dispensateur de rayons à l’infini. Mais Louise ne le voyait pas ; ses paupières voilaient ses regards et des pleurs silencieux mouillaient la batiste de l’oreiller. Elle dit à Mina qui sortait :

— Dites à M. Fritz de venir déjeuner près de moi.