Tant que Fritz fut là, les journées passèrent relativement douces. Bien que très peiné, le jeune homme s’efforçait de distraire sa mère, essayant de lui persuader que la pauvre servante, usée par le travail, n’aurait pu vivre très longtemps.
Son fils reparti pour Carlsruhe, l’isolement pesa sur elle plus lourdement.
Elle fit de plus fréquentes visites à Mme Hürting chez laquelle sa peine s’adoucissait.
Elles s’asseyaient toutes deux dans le jardin où juin faisait son entrée. Des rosiers odorants garnissaient la petite pelouse et des muguets fleurissaient dans une plate-bande, leurs clochettes blanches tranchant sur le vert cru des feuilles.
Des mésanges avaient construit leur nid dans le creux d’un vieil arbre ; elles passaient et repassaient sans frayeur. Le calme dormait dans ce coin de jardin qui renfermait tout le parfum de l’antique Alsace. Louise s’en imprégnait. Elle retrouvait là les manières de voir et la façon de penser de ses parents. Elle entrevoyait des visages dont elle se rappelait vaguement, et les noms que Mme Hürting pronon-