Louise arriva chez sa vieille amie.
Les larmes, contenues avec peine, s’échappèrent de ses yeux gonflés. Mme Hürting la serra dans ses bras en lui demandant quel chagrin lui survenait encore. Elle ne put que répondre :
— Il est soldat allemand !… il est soldat allemand !…
De sa voix chaude, la bonne dame dit :
— Ma pauvre Louise, qu’espérais-tu ?… Ton fils fait son devoir… Tu ne pouvais pas songer à l’en empêcher… La vie est cruelle pour toi… mais ta récompense sera dans l’apaisement de ta conscience…
— Ma conscience, cria Louise, à toute heure du jour et de la nuit, elle me répète que j’ai mal agi. Tout ce que j’ignorais, elle me le révèle par bribes… Je n’ose plus regarder en face le portrait de mon père… de ma mère… Le sol de Greifenstein me brûle les talons… car j’aurais dû le défendre, fermer ma porte à l’envahisseur… Chaque pierre de cette vieille maison sans honte me fait son reproche d’avoir donné deux fils à l’Allemagne !… Deux fils qui pressureront les Alsaciens !… deux fils qui se battront pour la