Il remonta dans le train sans ardeur, les jambes tremblantes. Il était dans un wagon français, dans un compartiment de seconde classe. Un inconnu, d’âge mûr, s’y trouvait. Fritz s’assit dans un coin et, mélancoliquement, s’appuya contre les coussins. La locomotive s’ébranla dans un sifflement aigu qui lui parut plus gai que celui des trains allemands. Les roues glissaient plus légèrement avec des sonorités moins massives.
Le voyageur dit :
— Quel temps !…
Fritz sursauta. Pour la première fois, la parole lui était adressée en français, sur la terre nouvelle.
Ah ! comme il était heureux d’avoir appris cette langue avec acharnement à Carlsruhe, à l’insu de tous.
Il répondit :
— Neige-t-il depuis longtemps ici ?…
Son accent le trahit. L’autre le regarda, puis le questionnant :
— Vous êtes allemand ?…
Fritz rougit et vivement :
— Alsacien !