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SUR LE SOL D’ALSACE

sois pas hostile à mon rêve… Laisse-moi croire que je vais être heureuse… Si je me suis arrêtée à cette décision, c’est qu’elle m’a paru la meilleure…

— La meilleure, gémit Marianne, vous ne savez pas ce qui vous attend ! Cet homme m’éloignera de vous parce qu’il me sait patriote et vous deviendrez allemande vous-même avant de vous en douter !…

— Tu ne me quitteras jamais !… quant à moi, je saurai rester alsacienne, et par conséquent, doublement française… Va, tranquillise-toi…

Louise sourit en disant ces derniers mots dans son désir de rassurer la vieille servante toujours sur la défensive. Elle était persuadée, d’ailleurs, qu’aucune lutte ne naîtrait entre elle et Herbert à ce sujet. L’amour reliait leurs deux nationalités ; elle jugeait ce nuage très petit, maintenant qu’il s’égarait dans le ciel bleuté de leur tendresse.

Les jours passèrent rapidement.

Louise se rendait fréquemment à Saverne pour ses toilettes. Son amie Clara Streicher la secondait avec empressement. Elle-même était