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SUR LE SOL D’ALSACE

gués accordailles, elles sont toutes plus ou moins promises à quelque ami d’enfance.

Les amies de Clara s’étonnaient de la date toute proche du mariage de Louise. Mais puisque M. Ilstein avait sa situation faite, l’attente devenait inutile.

Elles admiraient la bague, ce saphir énorme qui semblait l’essence de toutes les fleurs bleues de ces cœurs puérils. Une jalousie les pénétrait de penser que « la Française » avait conquis un des leurs, mais elles n’en laissaient rien paraître. Leurs yeux langoureux regardaient doucement Louise ; leurs lèvres rouges souriaient entre les compliments. Dans un besoin de dissimulation, elles masquaient leur amertume, comprenant que leur devoir était d’être aimables avec les vaincus, pour rallier complètement leur âme au germanisme. Elles entouraient Louise, sitôt que Clara, distraite par une des leurs, semblait un instant la délaisser :

— Louise, encore un peu de ce délicieux gâteau-moka ?

— Chère, un peu de café ?

— Que cette toilette vous sied bien !