temps de s’y appesantir, l’enfant la tirait par la main, en annonçant :
— Maman, viens voir le superbe gâteau alsacien ! Jamais je n’en ai vu d’aussi gros !…
Sur la table, où la nappe posait son éblouissement, des tasses blanches à filets bleus s’alignaient. Au centre, s’érigeait en effet un immense gâteau aux côtes d’un brun pâle. La servante apporta le lait et le café fumants, et Louise, avec recueillement, reprit la place occupée naguère…
L’air entrait par la fenêtre ouverte donnant sur le jardin. Les branches d’une vigne vierge tombant de la vérandah, se balançaient aux souffles d’une brise qui venait mourir contre la maison. Le soleil, passant à travers les rameaux, envoyait sur le couvert des ombres claires qui bougeaient.
On s’entretint joyeusement, grâce à M. Hürting, dont la gaîté ne tarissait guère. Les diverses notabilités de Saverne furent évoquées. Depuis seize ans, bien des changements bouleversaient la ville. Beaucoup d’Alsaciens avaient fui de l’autre côté de la frontière, si facile à franchir et si tentante ; beaucoup aussi ne vivaient plus…