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Page:Fiel - Suzette et la vérité, 1933.pdf/127

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— Et puis je n’aime pas beaucoup le nez un peu pointu de Mam’zelle.

— Vous avez l’œil juste, ma fille, mais ne vous croyez pas obligée de m’imiter en excès de franchise, sans quoi nous n’en sortirions pas.

Suzette avait pris un ton un peu hautain pour régler cette ligne de conduite, et Claire sut ainsi que l’attitude de la fillette tenait davantage d’une conviction que d’un jeu.

Elle revint à l’office pour dire à Virginie :

— Oh ! mais cette petite demoiselle sait ce qu’elle fait et ce qu’elle dit. Elle est sérieuse comme un procureur de la justice. Je suis sûre qu’elle va changer la maison.

Le lendemain, Suzette fit la connaissance de son professeur. C’était un vieil homme qui avait passé une vie de travail, à enseigner des élèves plus ou moins dociles.

Mlle Duboul avait voulu lui offrir un appoint solide en le mandant auprès de Suzette. Il était enchanté d’ajouter cette aubaine à ses ressources modestes.

Il interrogea Suzette et s’aperçut qu’elle était très en avance.

Il lui décerna des éloges qu’elle reçut de son air grave. Le professeur voulut que le visage de son élève s’illuminât et il lui demanda :

— Vous êtes contente de mes compliments ?

— Mais, Monsieur, je m’y attendais, répartit simplement Suzette.

Interloqué par cette franchise, le professeur,