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Page:Fiel - Suzette et la vérité, 1933.pdf/42

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Suzette reprit la parole interrompant Mme Brabane, au mépris de toute politesse.

— Madame, écoutez-moi. Il ne faut pas vous figurer que je me moque de vous.

— Que te faut-il de plus !

— Nous sommes désolés que vos enfants ne soient pas beaux et, c’est de bon cœur que je vous le redis. De plus, maman est ennuyée de ne plus venir chez vous, parce que cela lui était très commode quand elle avait à voir sa couturière qui habite, vous le savez, dans ce quartier. C’est facile à comprendre… un essayage est toujours fatigant, et maman aimait à venir prendre une tasse de thé chez vous et s’y reposer. Votre thé et vos gâteaux sont toujours très bons.

La colère indignée décomposait les traits de Mme Brabane. Elle ne pouvait plus parler. Elle étouffait.

Suzette continua, imperturbable :

— Quant à papa, vous ne sauriez vous imaginer son désespoir. Il m’accuse d’être la cause de la ruine de la maison. Il aurait aimé M. Brabane comme associé, et maintenant, il se figure que tout est cassé. Vous ne voudriez pas nous voir ruinés, n’est-ce pas, Madame ? C’est un état où il faut mendier. Maman a toujours dit que vous étiez bonne. Et puis, Bob serait heureux de revoir Paul. Ce n’est pas qu’il manque d’amis, mais Paul est si risible avec sa chère figure réjouie, qu’on n’est jamais triste quand il est dans une réunion.