Page:Fiel - Suzette et la vérité, 1933.pdf/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

posture, tu nous situes ? Que vont penser de nous les Brabane ?

— Ils verront que nous sommes des gens sincères et que nous disons devant eux des choses justes, au lieu d’en parler en arrière.

— Tais-toi, Suzette, tu m’exaspères !

— Tu dis aussi la vérité, papa.

M. Lassonat s’arrêta net.

— Mais oui, répartit Suzette, tu décharges sur moi, tout ce que tu as sur le cœur. Cela ne me blesse pas, je connais mes défauts. Je continuerai donc à proclamer la vérité partout où elle sera.

— Je te l’interdis.

— Oh ! papa tu veux que je mente ?

— Non.

— Alors, il faut être logique.

— Qu’est-ce que notre fille a dans le corps ? s’écria M. Lassonat en se tournant vers sa femme.

— C’est bien simple, dit Suzette posément. Je suis « moi ». Je ne veux pas avoir le genre de tout le monde jeté dans le même moule. On vous engage sans arrêt à acquérir une personnalité. J’ai réfléchi. Pour ne ressembler à personne, je dirai la vérité.

M. et Mme Lassonat levèrent les bras au ciel dans un geste de désespoir.

Bob était entré sur ces entrefaites. Il avait entendu la belle phrase de Suzette. Comme il était comme tout le monde, il dit avec placidité :