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nous serons heureux tous les trois, lança joyeusement Suzette, j’ai appris que Virgile aimait la vie des champs… nous serons comme lui…

« Crac ! la v’la qui déraille. Eh ! ben, c’est pas moi qui voudrait garder une pareille moucheronne… çà vous étranglerait comme rien, la nuit. Je voudrais bien que ses parents reviennent la chercher. »

Il reprit tout haut, un peu inquiet :

— Qu’avez-vous donc à me dévisager de cette façon, petite Mam’zelle ?

— Je pense, répondit franchement Suzette, que vous devez boire beaucoup, Monsieur le garde.

— Quoi ! cria l’autre, décontenancé, je bois parce que j’ai soif.

— Eh ! bien, vous avez soif trop souvent, voilà tout, dit Suzette avec calme. L’ivrognerie est un horrible vice.

Ahuri, le paysan la regarda et répliqua non sans violence :

— Dites donc, cela ne vous regarde pas !

— Calme-toi, mon homme, tu vois bien qu’elle est un peu toquée. Tu viens de recevoir quelque chose sur le museau, ne t’excite pas…

Suzette, sans prêter attention à cette interruption, poursuivit :

— Cela me regarde, mon brave garde, parce que je suis bonne. Vous aimez l’existence, n’est-ce pas ? eh ! bien, si vous continuez, une maladie abrégera vos jours…