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Page:Fiel - Suzette et la vérité, 1933.pdf/83

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nuisait à mon mari, ne voudriez-vous pas avoir la bonté de vous occuper de moi, maintenant ?

Suzette hésita. Sa fierté grandissait cependant et cette femme lui parlait avec respect.

Mais une prudence la retenait. Les petits yeux vifs qui la regardaient ne lui inspiraient aucune confiance. Elle se disait que la dame devait avoir des colères terribles. Suzette connaissait une personne qui lui ressemblait et qui ne passait pas pour être bonne.

De plus, maints détails laissaient penser à Suzette que l’avarice devait être son péché favori. Elle avait entendu un jour son papa faire cette remarque : quand on a un menton aussi recourbé, rejoignant le nez, trois fois sur quatre, on peut être sûr d’avoir affaire à un avare.

Suzette cependant, était sollicitée de révéler la vérité et elle obéit courageusement.

— Écoutez bien, Madame. Le garde est allé boire au cabaret parce que vous lui avez refusé le vin qu’il voulait pour son repas. Vous avez fait des économies. Donc, si vous aviez été moins avare, il n’aurait sans doute bu que chez lui.

La fillette adaptait au cas présent une théorie qu’elle avait retenue et qui émanait de Justine.

La femme du garde devint instantanément une furie :

— Ah ! je suis une avare, ma belle Mam’zelle ! et vous venez ici pour me raconter des inso-