Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/105

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— Vous êtes contente ? murmura la vieille dame avec regret, en voyant la transformation qui s’opérait dans les traits de sa jeune amie.

À sa grande surprise, Sylviane répliqua :

— Non, madame.

— Alors, pourquoi cet air heureux ?

— Parce que je suis ravie qu’un homme charmant et bien posé m’ait demandée sans me connaître davantage.

Madame Bullot commençait à respirer mieux.

— Vous allez comprendre, chère Madame. Ma fierté, peut-être exagérée, a été offensée. J’oublie cet incident aujourd’hui, en vous disant que je refuse Jean de Blave, parti inespéré, parce que, j’aime Luc Saint-Wiff.

— Oh ! s’écria Madame Bullot radieuse, et il est parti !

— Parti ! s’exclama Sylviane, où cela ?

— Je ne sais pas, parti comme un fou, parce qu’on faisait courir le bruit de vos fiançailles avec Roger.

— Seigneur ! murmura Sylviane ; s’il ne revenait jamais plus !

Elle se renversa sur le fauteuil qu’elle occupait et ferma les yeux, privée de sentiment.

À cet instant, Annette entra :

— Vite, mon enfant, Sylviane est à moitié morte !

Annette courut à la jeune fille qui rouvrait les yeux et qui balbutia :

— Ce n’est rien, je vais bien, j’ai été étourdie tout simplement. Vous ne savez pas où est parti Luc ?

— Mais si, mais si, je dois lui écrire.

Madame Bullot se mordit les lèvres parce qu’elle songea soudain que son neveu ne lui avait pas laissé d’adresse !

Ce détail stupide la décontenança.

Alors que Sylviane reprenait pleinement possession de soi et qu’elle était heureuse d’avouer son amour, qui paraîtrait aujourd’hui plus désintéressé parce qu’elle refusait un parti plus brillant, Madame Bullot se demandait où retrou-