Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fille, comme une sylphide disparaissait dans le chemin.

Sa robe claire ondulait sous une brise gaie.

Francis murmura : qui épouse-t-elle alors ? Saint-Wiff est parti, et il n’avait pas l’air de l’homme vainqueur. Serait-ce Dormont ?

À cette pensée, Francis se sentit devenir vert. Il trembla de colère. Cela lui était égal que Sylviane épousât n’importe qui, sauf son ami… Il ne voulait pas être distancé par lui !… Être joué ainsi lui paraissait le comble de l’abomination.

Mademoiselle Foubry s’en allait remplie de gaieté. Elle se retenait pour ne pas rire tout haut des aperçus originaux de Francis Balor.

Soudain, elle heurta à Louis Dormont qui la considérait d’un œil scrutateur :

— Mademoiselle… je vous présente mes hommages… et je suis heureux de vous féliciter sur votre prochain mariage…

— Vous êtes bien bon… monsieur… et je vous remercie sincèrement…

— Je me permettrai de vous dire que jamais femme n’a réuni autant de qualités… beauté… séduction… bonté…

— Arrêtez-vous… monsieur… J’ignorais que vous pensiez tant de bien que moi… Il est curieux que mon nouvel état de fiancée… vous délie la langue à ce point… Je n’aurais jamais soupçonné un tel enthousiasme…

Sylviane voulait amener Louis Dormont à dire ce que Francis venait de lui révéler. Jamais la vie ne lui avait paru plus amusante. Son bonheur intérieur transfigurait jusqu’à son caractère qui revenait à celui de ses dix-huit ans, enjoué et rieur.

— Ah ! mademoiselle reprit Louis sans cacher son admiration… j’ai toujours été subjugué par vos profondes qualités… votre intelligence remarquable m’a séduit depuis longtemps…

— Longtemps ?… interrompit Sylviane.

— Oui… mademoiselle… Y a-t-il trois semaines ou trois ans… ou trois lustres que je vous connais ? Je n’en sais rien… Ce que je sais mieux…