Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/121

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Les amis de la famille commencèrent à rentrer et Annette vint la voir.

— Quoi de nouveau ? questionna-t-elle vite en entrant.

— Hélas ! répondit Sylviane… nous vivons chacun dans notre désert…

Elle raconta l’épisode de la lettre.

Annette resta décontenancée. Elle avait beaucoup réfléchi à cette situation sans oser jamais s’enquérir. Le silence que l’on gardait lui semblait de mauvais augure et elle n’avait pas eu tort dans ses déductions.

— Mon cœur est calme… reprit Sylviane… j’attends en paix la solution de ces étranges circonstances… j’ai beaucoup travaillé… et j’ai… paraît-il des dispositions musicales que j’ignorais…

— J’admire votre énergie.

— Je subis simplement le destin…

Les deux jeunes filles se quittèrent après un moment de causerie où Annette annonça son prochain mariage.

Comme tout devait être bizarre dans le roman de Sylviane, elle reçut un matin, une lettre inattendue. Elle était signée de Louis Dormont et de Francis Balor et elle arrivait de la Hollande.

Les deux jeunes gens annonçaient qu’ils étaient mariés, l’un avec la sœur de Francis et l’autre, avec la cousine de Louis et qu’ils effectuaient leur voyage nuptial dans le pays des tulipes.

Par le plus grand des hasards, ils y avaient rencontré M.  Luc Saint-Wiff. Ils s’étaient revus avec plaisir et s’étaient remémoré la saison de Vichy. Ils avaient été fort surpris de constater que M. Luc Saint-Wiff croyait fermement Mademoiselle Foubry mariée à M.  de Blave, mais prénommé Jean.

Ils avaient deviné un drame dans la manière d’être de M.  Saint-Wiff mais n’avaient osé lui affirmer péremptoirement que Mademoiselle Foubry était toujours célibataire ; ils s’étaient informés ensuite, tourmentés de scrupules, et ils lui écrivaient afin de l’avertir de l’erreur dans laquelle s’enfonçait leur compagnon d’une saison.