Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/129

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talent et la jeune fille confuse ne savait plus que devenir.

Elle dirigea ses yeux vers les places où elle savait ses parent, comme pour chercher un abri contre cet enthousiasme qui commençait à l’embarrasser.

Soudain, elle aperçut Luc. La stupeur agrandit son regard, et elle pâlit.

Elle crut défaillir, mais elle se raidit et par un sourire remercie l’auditoire et s’en fut.

Luc restait anéanti.

Madame Bullot lui parla :

— Que dis-tu de cela ?

— Je suis complètement étourdi.

— Tu as dû cependant voir beaucoup de choses en voyageant, et tu t’étonnes encore !

— Ne vous moquez pas, ma tante ; je m’attendais si peu à cela ! Pourquoi ne m’avez-vous pas averti de la science de mademoiselle Foubry ?

— Je n’en savais rien, elle non plus. C’est son désespoir qui la lui a révélée. Mais taisons-nous, le concert continue.

— Il est terminé pour moi.

— Sois poli pour les compositeurs anciens !

Force fut à Luc de rester immobile et muet, alors qu’une agitation croissante l’envahissait et qu’il aurait voulu agir, parler, causer avec Sylviane, constater par son attitude envers lui qu’elle l’aimait vraiment.

Son supplice se termina. Il y eut un moment de cohue et il fut devant Sylviane.

Ému, il s’inclina devant elle. La jeune fille lui tendit la main et murmura :

— Enfin, vous voici.

Sa voix mélodieuse soulignait tant de regret du temps passé, que Luc oublia le concert et la compositrice émérite. Il ne vit plus que la femme qu’il aimait.

La joie envahit son âme, chassant l’amertume survenue la minute d’avant, et il répondit :

— Mon exil a cessé, et je n’ai pas négligé une seconde pour accourir vers vous.

Il oubliait de féliciter l’auteur. Il comprit sou-