Aller au contenu

Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La jeune fille rougit en prononçant ce prénom qu’elle osait énoncer pour la première fois tout haut devant son fiancé.

— Quand je songe, reprit le jeune homme, que le jour même de mon départ, j’aurais pu être déjà dans l’enchantement. Quelle fatalité s’est abattue sur moi !

— Je le regrette à peine, aujourd’hui, puisque cela me permet de vous confirmer mon attachement, répliqua Sylviane avec douceur.

— Il me semble, pour ma part, que j’évoquerai toujours ces quatre horribles mois avec tristesse. J’ai bien souffert, et vous décrire ma joie, mon étonnement, quand les deux inséparables m’ont appris que vous n’étiez pas mariée avec de Blave, est chose impossible.

— Ils m’ont vite écrit le résultat de leurs impressions, c’est bien de leur part.

— Ce sont de braves garçons que j’ai traités de sots bien souvent. Ils vous ont aimée aussi, Sylviane ?

— Non, mon cher Luc. L’un me trouvait trop belle et l’autre trop intelligente, riposta la jeune fille en riant.

— Ils ont osé vous le dire ? s’écria Luc hors de lui.

— Mais voyez combien ils ont réparé.

— C’est vrai, murmura Luc adouci.

Le jeune homme, encore une fois, oubliait le succès de Sylviane. Il contemplait ses yeux purs et sentait tout le bonheur de la terre l’envahir. Il admirait la parfaite régularité de ce visage, aux lignes harmonieuses, le front uni, les sourcils nets à la courbe douce et mince, le nez aux proportions justes ; le menton rond sous les lèvres rouges à l’expression spirituelle.

Quand la jeune fille esquissait un mouvement tout était grâce. Ses gestes ressemblaient à son regard qui n’était que douceur.

Luc la regardait sans mot dire. Il ne pouvait plus articuler une parole, pris par cette admiration tendre qui l’avait subjugué dès la première