Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/146

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seul, je ne peux pas ; je suis trop faible, J’ai été mal nourri.

Un sanglot l’arrêta, mais il se domina pour poursuivre rapidement :

— Mademoiselle, si vous vouliez m’aider, comme on donne une aumône à un pauvre, vous seriez généreuse entre toutes. Nous partagerions le gain, bien entendu, mais je ne puis négliger cette occasion que j’ai appelée de tous mes vœux. Maintenant qu’elle est là, il serait terrible de la repousser. Je guérirai, m’a juré le docteur ; il ne me faut qu’un peu de joie et un peu de bonne nourriture.

Sylviane sentait grandir en elle une pitié qui l’empêchait de s’exprimer. Son front penché cachait ses larmes.

— Si je vous ai appelée, c’est que votre talent se rapproche du mien. Puis, j’ai pensé aussi que votre cœur non blasé, était encore ouvert à la pitié. Je ne veux pas vous léser, vous aurez amplement votre part. Venez à mon secours, au nom de mes enfants.

Sylviane prononça simplement :

— Je vous aiderai, je reviendrai cet après-midi avec tous mes essais, et peut-être trouverez-vous parmi eux quelque chose vous convenant.

Madame Vidal qui était sortie doucement, rentra :

— Elle consent ! lui cria son mari éperdu de joie.

— Oh ! merci mademoiselle, dit-elle.

La pauvre jeune femme était livide. L’espoir l’étourdissait.

Sylviane songea : le bonheur est facile à donner.

— Ce sera peut-être l’aisance qui rentrera ici, prononça Vidal. Du moment que l’on verra que je puis encore travailler, je serai sollicité de nouveau. Ah ! vous nous portez bonheur, mademoiselle ! Vous reviendrez sûrement cet après-midi ?

Comme tous les êtres que le malheur a visités, l’artiste restait méfiant.