Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/150

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mais je dois être rentrée à six heures… Mon fiancé vient chaque soir…

— Il pourra supporter un peu de retard… en faveur de votre bonne cause…

— Il n’aime pas beaucoup la musique avoua Sylviane.

— Je le comprends… avoua pensivement l’artiste… c’est une tyrannie absorbante… Ma femme en a pâti… n’est-ce pas Marie ?

— J’ai eu beaucoup de mal à m’y habituer à ce degré… dit sincèrement la jeune femme… mais c’était notre avenir…

— Quel avenir ! railla douloureusement Vidal.

— Les mauvais jours sont effacés… prononça simplement l’épouse héroïque.

Sylviane retenait l’aveu de Madame Vidal et elle y réfléchissait profondément.

Elle se demandait s’il était bien sage d’imposer à Luc qui lui apportait tout ce trouble qui l’indisposerait… Il l’aimait, ne pouvait-elle lui sacrifier un peu de gloire ? Devait-elle hésiter entre ces deux sentiments ?

— Il faut que je me sauve… dit-elle soudain… je ne veux pas faire attendre mon fiancé.

— Pourrez-vous revenir demanda le malade anxieux.

— Je ferai tout mon possible pour cela…

— Oh ! revenez… supplia la jeune femme.

— Je vous le promets…

Madame Vidal reconduisit Sylviane jusqu’au seuil et lui serrant les mains, lui redit :

— Merci encore… chère… chère Mademoiselle… Vous avez presque rendu la vie à mon mari… Il y a longtemps que je ne l’avais vu aussi gai… J’ai vécu des heures si sombres où tant de découragement m’abattait… Il me semble que je renais moi aussi sitôt que Louis se trouvera mieux, il aura vite gagné le temps perdu… il a des inspirations vraiment géniales, dès qu’un peu de succès le soutient…

— C’est si compréhensible… répliqua Sylviane… J’espère que tout ira pour le mieux… Je reviendrai jeudi…