Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/99

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— Sans regret, cher enfant ?

— Des regrets ! quand on se consacre à Dieu ! mais mon sort sera parmi les plus enviables. J’échappe à toutes les mesquineries terrestres ; je vivrai dans la plus grande sécurité de cœur et d’âme.

— Comme vous avez raison, quelle douceur que la fin dans un couvent.

Madame Bullot soupira. Mais son esprit gai ne s’appesantit pas longtemps sur cette perspective.

Elle quitta Roger, en proie à une perplexité assez grande. La mission qu’elle avait acceptée la gênait beaucoup, car il lui semblait qu’elle trahissait son neveu. Cependant, le moyen était tentant.

Elle était donc résolue à donner connaissance à la jeune fille de cette proposition de mariage, le plus rapidement qu’elle pourrait.

« La seule qui serait vraiment heureuse dans cette affaire, pensait la vieille dame, serait Madame Foubry ; quant à la pauvre Sylviane, elle est menacée de rester entre deux soupirants. »

Pendant que Madame Bullot se débattait entre ces agitations, Dormont et Balor promenaient leur mélancolie en dehors de la ville. Quand ils se sentirent las, ils s’assirent à l’ombre d’une haie, dans la campagne. Et le hasard, ironique une fois de plus, voulut que Luc soit invisible pour eux de l’autre côté de cette haie, et qu’il entendit leur conversation, sans avoir le courage de les interrompre.

— Mon cher Louis, dit Francis, Vichy devient mauvais pour nous.

— Il me semble.

— Soyons francs, sans quoi l’amitié qui commençait si bien entre nous, pourrait subir quelque dommage, et ce serait inutile.

— Je ne demande pas mieux. Avouons donc que nous sommes venus ici sans arrière-pensée, et que j’étais décidé à épouser ta sœur.

— Comme moi ta cousine.

— Avouons aussi que c’était sensé, mais nous avons rencontré mademoiselle Foubry.