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ÉPREUVES MATERNELLES

sur l’étage qui la concernait, puis alla vers le grand escalier :

— Que cherchez-vous ? cria la concierge.

— Je monte au troisième.

— Non… mais… par le grand escalier ?… rugit la concierge indignée. Prenez donc l’escalier de service. Croyez-vous que je vais nettoyer la boue que vous laisserez sur mon tapis, tout de même.

Denise rougit et rebroussa chemin.

Autant l’entrée des maîtres était fraîche et soignée, autant celle qui servait aux fournisseurs et aux domestiques se montrait sombre et négligée.

Denise gravissait péniblement les marches en se disant que jamais elle n’avait autant éprouvé le besoin d’un ascenseur.

Elle appuya sur le timbre de la porte de la cuisine après avoir repris sa respiration.

Une jeune femme de chambre vint lui ouvrir.

— Qu’y a-t-il pour votre service ?

— Je suis la nouvelle cuisinière.

— Ah ! bon… je vais prévenir Madame.

Denise s’assit sur une des chaises. Elle était lasse et essoufflée.

Mme Pradon parut bientôt. Ayant dépassé la trentaine, la tête levée haut, elle avait l’air insignifiant. Elle était de forte corpulence.

— Vous êtes la nouvelle cuisinière ?

— Oui Madame.

— Bon… vous me semblez bien mince pour une cuisinière. Vous n’aimez donc pas la cuisine que vous faites ? Je vous préviens que nous sommes des personnes difficiles et que nous mangeons beaucoup.

— Bien, madame.

— Vous avez des certificats ?

— La boulangère ne m’en a pas donné… et c’était ma première place.

— Mais alors, vous ne savez rien faire !

— Pardon, madame.

— Enfin, du moment que cette commerçante vous a proposé, c’est qu’elle sait ce que vous valez… elle est sérieuse. Vous vous appelez ?

— Marie Podel.

— Bon.