genre), nous n’épargnerons ni temps, ni peine pour en tracer une fidèle peinture ; mais si des années s’écoulent sans rien amener d’important, nous ne craindrons pas de laisser un vide dans notre histoire ; et, nous hâtant d’arriver à des époques fécondes en événements, nous passerons sous silence ces intervalles de stérilité.
On doit les envisager comme les numéros perdants à la grande loterie du temps. Nous donc, qui tenons les registres de cette loterie, nous imiterons les judicieux receveurs de celle qu’on tire à l’hôtel-de-ville de Londres. Ils se gardent bien d’offrir aux yeux du public la longue et fâcheuse liste des numéros perdants qu’ils ont débités. Mais le gros lot vient-il à sortir ? toutes les gazettes s’empressent de l’annoncer, et de nommer le bureau où il a été pris. Plus d’un receveur en réclame ordinairement l’honneur pour le sien, sans doute afin de donner à entendre, que les chefs de certains bureaux sont initiés aux secrets de la Fortune.
On doit s’attendre, par conséquent, à trouver dans cet ouvrage des chapitres tantôt fort courts, tantôt très-longs ; les uns ne contenant que l’espace d’un jour, les autres embrassant des années ; quelquefois l’histoire paroîtra s’arrêter dans sa marche, et quelquefois avoir des ailes. Qu’on ne s’avise point, pour cela, d’attaquer notre méthode.