Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/131

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point à conclure que l’espèce entière soit corrompue. C’est une conséquence que n’adoptera jamais l’homme qui, en sondant sa conscience, y trouve la preuve certaine du contraire. »

Après avoir ainsi répondu au capitaine, M. Allworthy lui demanda qui étoit ce Partridge, qu’il avoit traité de vaurien ?

« C’est, dit M. Blifil, Partridge le barbier, le maître d’école, (n’est-ce pas ainsi qu’on le nomme ?) Partridge enfin, le père de l’enfant que vous avez trouvé dans votre lit. »

À ces mots, M. Allworthy témoigna beaucoup de surprise. Le capitaine n’en montra pas moins de ce que l’écuyer ignoroit la chose. Il la savoit, dit-il, depuis plusieurs mois, et parut se rappeler avec un effort de mémoire, que c’étoit mistress Wilkins qui la lui avoit apprise.

Là-dessus on fit venir la gouvernante, qui confirma ce que venoit de dire le capitaine. L’écuyer la chargea d’aller sur-le-champ au petit Badington, s’informer de la vérité du fait. Ce fut le capitaine lui-même qui conseilla cette démarche. Ennemi de toute précipitation en matière criminelle, il déclara qu’il ne voudroit pas que son beau-frère prît une résolution préjudiciable à l’enfant, ou au père de l’enfant, avant d’être bien convaincu du crime de ce dernier. Le capitaine en avoit déjà acquis en secret la certitude