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Paradis, avec Anne sa femme et mistress Wilkins, son accusatrice.

Quand M. Allworthy fut assis sur son tribunal, on appela Partridge. La déposition que fit contre lui mistress Wilkins, excita son indignation. Il la repoussa comme une odieuse calomnie, et protesta hautement de son innocence. L’écuyer interrogea ensuite mistress Partridge. Elle commença par s’excuser, en termes modestes, de la nécessité où elle étoit réduite de déposer contre son mari, puis elle raconta toutes les circonstances déjà connues du lecteur, et y ajouta, en finissant, l’aveu que le coupable lui-même avoit fait de sa faute.

Nous n’oserions affirmer que mistress Partridge la lui eût réellement pardonnée. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle figuroit malgré elle dans cette cause, et nous avons de fortes raisons de croire qu’elle n’auroit jamais consenti à y jouer un rôle, si mistress Wilkins n’étoit parvenue, à force d’adresse, à tirer d’elle une entière confidence de ses griefs, et ne lui avoit promis, au nom de M. Allworthy, que la punition de son mari ne s’étendroit en aucune façon sur elle.

Partridge persista à soutenir son innocence. Il convenoit de l’aveu qu’on lui objectoit ; mais il ne l’avoit fait, disoit-il, que pour se délivrer des importunités de sa femme, qui, se croyant sûre de